Archive de la catégorie 'Carnet de route'

juil 30 2010

Tour du monde à vélo : Mister Liu

Catégorie Carnet de route


BOTSWANA – Palapye

La journée de vélo a été bonne. Nous sommes allés plus vite que prévu. En arrivant à Palapye, 200 km au sud de Francistown, nous décidons de dépasser la ville pour caper comme à notre habitude près d’une habitation. Ce soir, nous n’avons de toute façon pas d’alternative car il ne nus reste pas assez d’argent en poche pour nous payer un hôtel. Malheureusement, alors que le soleil se couche, nous n’avons croisé aucune habitation, aucun chemin de traverse qui pourrait mener à un village. Depuis la fin de la ville, nous avons simplement croisé un chantier de construction qui est maintenant 5 km derrière nous. Nous sommes en pleine savane et nous n’avons pas d’eau. Avant que la nuit ne soit noire nous décidons de faire demi-tour et de tenter notre chance au chantier de construction. En passant devant, nous avons vu que c’était des chinois qui construisaient le bâtiment. Notre passage en Chine nous a laissé l’idée que les chinois sont tellement suspicieux qu’ils n’accepteraient jamais que nous campions près des locaux de leur entreprise. Alors, à l’allée nous n’avons pas essayé, mais comme nous n’avons plus le choix, je pars trouver le responsable du chantier sans trop y croire.
Il s’appelle Mister Liu. A peine a-t-il compris notre problème et notre requête qu’il se met en quatre pour nous trouver un bungalow pour dormir sur un lit. Pendant que l’employé qui occupait le bungalow déménage ses affaires pour partir cohabiter une nuit avec un de ses collègues, Mister Liu nous fait asseoir dans la cantine et nous offre un plat de riz avec garniture que nous engloutissons sous ses yeux étonnés avec des baguettes ! Nous nous installons, prenons une douche et passons la soirée à discuter de la Chine, des endroits que nous avons visités, de la France et de sa vie ici. Il est très heureux d’être le patron du chantier. Il s’agit de construire un commissariat de police de quatre étages plus les logements pour les futurs employés. C’est un gros chantier qui récompense ses capacités de directeur de travaux qu’il exerce depuis 9 ans au Botswana. Pourquoi le Botswana ? Parce qu’en acceptant de s’expatrier, il avait plus de chance d’être embauché par l’entreprise chinois qui l’emploie et qui construit beaucoup ici au Botswana. Il a une femme et un fils là-bas, dans l’Est de la Chine. Il rentre les voir tous les deux ans… Quant au chantier, lui et les autres employés chinois travaillent de 6h30 à 12h00 puis de 13h30 à 18h00, 7 jours sur 7, toute l’année… Ah j’oubliai, bien sûr, il vit sur place dans un bungalow de chantier qui est à la fois sa chambre et son bureau…

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juil 20 2010

Tour du monde à vélo : Accueil chez Benjamin


BOTSWANA – Bokaa

A 17h00, le soleil descend sur l’horizon. Il nous reste environ 30 minutes avant qu’il ne se couche et il est temps pour nous de trouver un endroit où dormir. Nous quittons la route principale en direction d’un village fléché à 3 km. Là-bas, outre quelques baraques en tôles, il n’y a pas grand-chose. Les gens à qui nous nous adressons nous indiquent une maison un peu plus loin. Là-bas nous dit-on, on pourra peut-être nous recevoir.
Arrivés devant la maison en question, nous frappons à la porte. Une employée de maison nous ouvre et nous lui demandons l’autorisation de planter notre tente dans l’enceinte de la propriété. Elle ne peut nous y autoriser sans l’accord des patrons qui seront là d’une minute à l’autre. Une heure plus tard, les patrons rentrent. La nuit est tombée et nous sommes à moitié congelés, assis sur le perron de la maison. Nous sommes invités à entrer par Pauline, la grand-mère. Elle nous installe dans le salon et, comme c’est vendredi le jour de paie, elle s’occupe de verser le salaire hebdomadaire des dix ouvriers qui travaillent dans sa ferme. Nous assistons au balai des employés, émigrés du Zimbabwe pour la plupart, qui touchent leur salaire et partent ensuite profiter de leur week-end de repos. Quand elle a terminé, la maîtresse de maison procède alors à un interrogatoire : Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ici ? Que voulons-nous ? Les présentations ainsi faites, elle nous pose alors la question qui l’intéresse le plus : sommes-nous chrétiens ? Au cours de nos voyages, nous avons constaté que dans tous les pays, les gens se sentent soulagés que nous soyons chrétiens ou que simplement nous croyons en Dieu. Les athées ou simplement ceux qui ont des questions ne sont pas bien vus dans beaucoup de pays car l’existence de Dieu ne se remet pas en question généralement. Ici non plus. Elle semble donc satisfaite de notre réponse mais va plus loin : « Are you Born Again Christians ? » « Heu, what ? » « Born Again ! » Ma connaissance des religions est un peu limitée, elle s’arrête aux catholiques, baptistes, protestants et je ne connais déjà pas bien les différences, mais alors là les Born Again, jamais entendu parler ! Elle nous explique que son défunt mari était prêtre et que son fils ainé, qui entre au même moment dans la pièce, est lui aussi un prêtre Born Again. Benjamin nous salue et se charge de nous expliquer, pour ne pas dire nous convertir, à son obédience. Nous savions qu’en Afrique de l’Est il existe de nombreux courants religieux chrétiens, plus ou moins librement inspirés par leurs leaders. Les Born Again pensent que Jésus Christ est déjà revenu sur terre et qu’il est en chacun de ses fidèles dès que celui-ci a accepté de s’en remettre à lui. Benjamin nous offre des prospectus et nous explique l’intérêt de sa religion une grande partie de la soirée puis nous invite à partager un bon repas et à dormir dans des draps bien chaud dans la chambre d’amis de la maison. Le lendemain matin, avant notre départ, toute la famille se regroupe sur le perron et nous formons un cercle. Benjamin entame une prière dans laquelle il remercie Dieu de nous avoir envoyé chez lui et lui demande de nous protéger tout au long de notre parcours. Nous repartons touchés par cette rencontre insolite et fréquemment nous avons Benjamin au téléphone qui s’enquière de l’avancement de notre parcours au Botswana.

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juil 07 2010

Tour du monde à vélo : Bivouac

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AFRIQUE DU SUD – Entre Calvinia et Upington

Un bivouac en bord de route : ce n’est pas simple de trouver toujours de bons endroits où dormir…

juil 06 2010

Tour du monde à vélo : La ferme fantome

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AFRIQUE DU SUD

Nous circulons au cœur du Karoo, une région semi-désertique dans laquelle deux fermes sont parfois distantes de 70 km. Dormir dehors, ça veut dire s’inquiéter des chacals, des hyènes et des léopards, alors nous essayons de dormir près des fermes autant que possible. Le problème c’est que les fermes sont en général éloignées de plusieurs kilomètres de la route. Une piste en terre y mène mais les portails d’accès aux pistes sont régulièrement cadenassés. Les fermiers sont de plus en plus la cible de pillards qui attaquent les habitants des fermes les plus isolées. Chacun se protège alors comme il peut, avec des barbelés, des cadenas et des chiens. Nous avons souvent dû renoncer à accéder à des fermes que nous apercevions pourtant de la route car les clôtures et les cadenas nous interdisaient d’aller frapper à la porte des habitations. Nous dormions alors entre la route et les clôtures, au pied des talus, à quelques mètres de la chaussée.
Un jour nous avons pu ouvrir un portail malgré le cadenas. Nous avons pédalé 3 km à la tombée du jour pour rejoindre la ferme que nous avions aperçue de la route. L’endroit était désert. Tous les bâtiments étaient fermés. On avait l’impression d’être au milieu d’une ville fantôme tout droit tirée des films américains.

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juin 30 2010

Tour du monde à vélo : 1000 km parcourus

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AFRIQUE DU SUD

1000 kilomètres de parcourus à présent dans ce troisième périple et toujours aucune crevaison.
Merci Michelin !

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fév 25 2010

Tour du monde à vélo : « Donne-moi cadeau »

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SENEGAL

On n’a jamais vu ça. Dans toute la partie du Sénégal que nous avons traversé, depuis la frontière jusqu’à Dakar, nos échanges avec la population se limitent souvent à :
- Bonjour ça va ?
- Bonjour ça va merci et vous ça va ?
- Donne moi cadeau !
- Euh…

95 % des enfants nous hèlent sur le bord des routes : « Y a cadeau ? Y a stylo ? Donne moi l’argent ? » Certains ne se gênent pas pour nous agripper lorsque l’on passe pour nous arrêter et mieux nous demander de l’argent. Même les femmes qui vendent des fruits et légumes ou qui attendent le bus sur le bord des routes nous crient alors que nous passons : « Toubab, donne moi cadeau ». On est tenté d’en rire mais c’est déprimant. C’est le résultat de quelques décennies de voyages en Afrique où les touristes, pensant bien faire, jetaient les bics par les fenêtres des bus et des 4*4 climatisés.
Le résultat est catastrophique, invraisemblable même tellement c’est systématique. Les blancs sont ceux qui vont donner un cadeau, un stylo ou de l’argent comme ça, sans raison, au premier gamin noir qui viendra les voir.

fév 03 2010

Tour du monde à vélo : Passage de frontière

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MAURITANIE – Poste frontière entre Maroc et Mauritanie

Des frontières, on commence à en avoir passées quelques unes. C’est toujours un moment tendu car on est un peu à la merci de l’avidité des « forces de l’ordre ». Cette frontière-ci, c’est un record. La plupart des gens qui l’empruntent sont des commerçants, essentiellement des vendeurs de voitures. Si il y a quelques années c’était une épopée prisée par les européens qui revendaient en Afrique des Peugeot 505 ou des Mercedes 190 D, aujourd’hui, ce commerce est majoritairement trusté par des africains qui vivent en Europe. Les voitures se revendent plus chères en Afrique, jusqu’à trois fois le prix d’achat en France. Les raisons principales sont liées aux taxes d’importation appliquées par les états et/ou aux frais d’expédition par voie maritime. Pour endiguer ces ventes parallèles qui échappent aux taxes gouvernementales, le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal ont durci leurs frontières. Aujourd’hui, seuls des véhicules de moins de 5 ans peuvent entrer au Sénégal et, en Mauritanie, le numéro d’immatriculation de la voiture est inscrit sur le passeport du conducteur. Si il veut vendre sa voiture, il doit payer une taxe au gouvernement à Nouakchott appelée le «dédouanement ». Alors bien-sûr, il y a tout un tas de réseaux parallèles et de combines auxquelles les « forces de l’ordre » collaborent moyennant un petit dédommagement.
Les européens peuvent en général s’en sortir à force de patience et de discussion, mais pour les africains, c’est taxe obligatoire. Il y a trois contrôles par pays, gendarmerie, police et douane, à chaque fois un billet plus ou moins gros facilite les formalités, et pour éviter les fouilles, il faut encore discuter ou payer les préposés à l’exercice. Et les fouilles, tout le monde veut les éviter car les voitures sont pleines à craquer d’objets destinés à la revente. Souvent des moteurs ou des pièces autos, ou du matériel électronique acheté en France et réputé plus robuste et moins cher que celui « made in China » vendu en Afrique. On a même vu des voitures cachées dans les remorques de camions frigorifiques. Là il vaut vraiment mieux pour les conducteurs que les fouilles n’aient pas lieu… Autre marchandise très prisée dans ce sens : l’alcool. Formellement interdit par la République Islamique de Mauritanie, on peut cependant en trouver à des prix très élevés dans les grandes villes, alors il faut bien que ces vendeurs soient livrés.
Nous, avec nos vélos, on est passé comme une lettre à la poste française. Notre épopée a impressionné tous les douaniers et, grâce à la témérité de Claudine, on a même réussi à passer devant tout le monde en expliquant qu’on était fatigués de pédaler sous cette chaleur. Ah oui, parce que les conducteurs entre eux ne se font pas de cadeaux. Tout le monde joue des coudes et les gens se tirent dans les pattes, essayant d’induire en erreur ceux qui ne savent pas, pour leur passer devant ou simplement pour s’amuser. Ambiance exécrable, voire même franchement raciste entre nations africaines.
Au rayon des records, soulignons notre voisin : passeport ivoirien, il conduit une Mercedes d’un modèle récent avec une plaque d’immatriculation italienne et bêtement il a… égaré les papiers du véhicule. On assiste à la scène à la gendarmerie mauritanienne, ce qui signifie qu’il a donc réussi à passer les trois précédents contrôles côté Maroc, mais là ça semble compliqué. Le plus gradé lui explique qu’il y a un sérieux problème. Il lui explique apparemment avec trop de véhémence, au point que le complice du chauffeur (je voulais dire copain du chauffeur) décide de jouer son atout maître, il décroche son téléphone portable et fait mine de passer un coup de téléphone à on ne sait qui à Nouakchott. Un sous-fifre, voyant ça s’empresse d’alerter le chef des gendarmes qui s’était déjà rassis à l’ombre sur son siège. Celui-ci devinant une issue peu avantageuse pour lui, se lève d’un bond et se précipite vers le type au téléphone et lui dit que ce n’est pas la peine d’appeler là-bas car le problème peut se régler ici. On n’aura pas le fin mot de l’histoire car notre tour de passer à la Police est arrivé, mais la solution a été trouvée car, plus tard, chauffeur et copain nous ont doublés sur la route au volant de la Mercedes. Remarquez qu’on n’a pas regretté d’avoir manqué la fin des débats car à l’intérieur de la cabane de Police, le spectacle est tout aussi ahurissant. Il faut voir le flic vautré par terre sur une natte posée sur le sol. Il est pied nu, la chemise ouverte et tend dédaigneusement la main pour avoir nos passeports. On s’assoit donc à même le sol pendant qu’il note nos noms et autres numéros de passeports sur un cahier qui était posé sur le sol à côté de la caisse en bois qui sert à stocker les pots de vin. Y a même un billet qui dépasse encore. On pourrait écrire un bouquin entier sur tout ce qu’on a vu à cette frontière ! Comme on a été épargné, on est tenté de prendre ça avec le sourire, mas il faut quand même dire que l’ambiance y est exécrable, on avait l’impression d’avoir sous les yeux tous les plus mauvais défauts de l’homme réunis au même endroit.

jan 28 2010

Tour du monde à vélo : Lever face à la mer

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MAROC – Sahara Occidental

Au réveil, le panorama est fabuleux. Devant nous l’océan à perte de vue. Nous avons planté la tente « dans » la falaise, plutôt sur une plateforme à mi-hauteur. Nous surplombons la mer et les vagues qui viennent s’échouer contre la roche font un bruit sourd qui nous a bercés toute la nuit. Au petit-déjeuner, nous sommes pleins d’enthousiasme et prêts à affronter les kilomètres qui nous attendent. Nous escaladons la falaise pour rejoindre la route au sommet. Arrivés en haut, l’équation est toute autre : le vent souffle en continu avec une force inouïe. A l’abri sur notre terrasse avec vue mer, nous ne nous en doutions pas. Il souffle perpendiculairement à la route et nous devrions pouvoir pédaler malgré tout. Deux heures plus tard, nous avons fait sept kilomètres quand nous entrons dans une ville providentielle. Jamais le vélo n’a été aussi dur pour moi. Couvert de sable, je suis épuisé, le vent n’a cessé de me déstabiliser et j’ai dû zigzaguer tout le trajet. Chaque fois qu’un camion me dépassait ou me croisait, son souffle me faisait perdre le contrôle de mon vélo. Au mieux, je me retrouvais dans le fossé, au pire, au milieu de la chaussée tentant de reprendre le contrôle en espérant qu’aucun autre véhicule n’allait me faucher. Le village providentiel comporte un hôtel. Notre décision est vite prise : il est onze heure du matin, nous arrêtons là pour aujourd’hui, trop dangereux !

jan 24 2010

Tour du monde à vélo : Les maisons de pêcheurs

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MAROC – Sahara Occidental

Entre les villes de Tan-Tan Plage et Tarfaya, la route longe la mer en haut de superbes falaises. Le paysage est magnifique. Tous les 10 ou 20 kilomètres, on croise 2 ou 3 cabanes en tôles isolées, plantées là au sommet des falaises. Des maisons de pêcheurs, parfois de simples abris pour les journées de pêche. Les hommes lancent des lignes depuis le haut des falaises et pêchent des poissons magnifiques ou des poulpes. Le soir une voiture ou une moto passe collecter le fruit de la journée de travail et payer les pêcheurs avant de partir à la ville la plus proche vendre le poisson.
Plusieurs fois nous avons dormi à côté des pêcheurs. Inutile de dire que pour le repas du soir, le menu c’est poisson. Après le thé, nos voisins nous offraient des poissons tout justes pêchés. Des loups, des daurades ou des sars, un régal !

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jan 13 2010

Tour du monde à vélo : Rencontre avec Mohamed

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MAROC – Sahara Occidental

Il est 17 heures, dans moins d’une heure le soleil sera couché. A l’écart de la route nous apercevons un hameau. Nous laissons le bitume pour aller demander l’hospitalité aux habitants. La première maison est en construction. Deux ouvriers viennent à notre rencontre. Ils acceptent avec plaisir que nous plantions notre tente dans l’enceinte de la bâtisse qu’ils construisent. Nous y passerons la nuit avec Mohamed qui vit sur le chantier. Le jour, avec deux autres ouvriers, il construit la maison en pierre, la nuit, il est gardien. Il a 23 ans et tout ce qu’il possède tient dans un sac de sport. Depuis deux ans il vit ainsi, logeant dehors sur les chantiers auxquels il participe.
Le sol en terre battue est couvert de pierres de taille qui servent à construire les murs des différentes pièces. La maison fait pourtant pas moins de 400 m², mais il nous faut dégager les pierres pour trouver un endroit où monter notre tente. Pendant que Mohamed nous prépare le thé, nous préparons le repas. Son thé était excellent, nos pâtes aux œufs n’ont pas eu l’air de le faire sauter au plafond… Longtemps au coin du feu nous discutons. Nous racontons la France, il nous raconte le Maroc. Contrastes. Lorsque, sous notre tente, nous nous allongeons dans nos duvets, il s’enroule dans une couverture dehors, avec tous ses vêtements sur lui.

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