mai 19 2010

Sahara – Caravanes de Sel – Azalaï : Le marchandage touareg

Catégorie Brèves


MALI – Tombouctou

Les bijoux touaregs. De l’argent travaillé, des pierres du désert, du bois d’ébène sculpté, tout un programme ! Difficile de résister à l’appel de ces objets superbes alors, comme tous les touristes, nous avons découvert le marchandage touareg ou plutôt le plus grand baratin de vendeurs qu’il nous ait été donné d’observer. Les phrases sont toujours les mêmes, on y parle du travail de la forge, d’un savoir faire transmis par les ancêtres du vendeur, on y parle des symboles représentés sur les objets : la bosse du chameau, la trace des caravanes, les tresses des femmes touaregs, le puit de Tombouctou ou de Gao ou d’Araouane ou de n’importe quel bled du désert. On n’est même pas sûr que le vendeur sache à l’avance ce qu’il va dire lorsqu’il raconte « l’histoire de l’objet ». A force de faire la tournée des boutiques, on pouvait presque finir les phrases commencées par les vendeurs…
Quant à la phase de négociation, elle est tout simplement extraordinaire. Les règles sont simples : « Il y a trois prix. Je te donne mon premier prix, tu me donnes ton premier prix. Je suis libre de proposer un million puisque l’objet m’appartient et tu es libre de proposer un franc puisque c’est ton argent. Ensuite je te propose mon deuxième prix puis tu me dis ton deuxième prix et enfin je te dis mon troisième prix et toi aussi. Si on est d’accord, on se serre la main, sinon chacun repart et on reste ami car le plus important c’est l’amitié ». Pour sûr : nous voulons acheter un bracelet touareg, le juste prix nous le connaissons c’est 2000 FCFA. Le vendeur annonce son premier prix, 19000 FCFA sans siller. Objet de grande qualité. Avec un tel premier prix on a un peu honte de dire 1000 FCFA ou même 1500 FCFA tellement l’écart est démentiel. Si c’est moi qui négocie je me fais avoir et ose un timide 5000 FCFA. Si c’est Claudine qui négocie, elle annonce 1000 FCFA avec le même aplomb que le vendeur. Que notre premier prix soit 5000 ou 1000 FCFA, l’attitude du vendeur est toujours la même : il détourne la tête avec un sourire mi offensé, mi-méprisant tellement notre proposition est indécente. Il donne alors son deuxième prix : 18500 FCFA. Je laisse de côté ma deuxième proposition, celle de Claudine est 1500 FCFA. Le vendeur est ennuyé. Il explique la rareté de l’objet, sa qualité incroyable, le bois d’ébène qui vient des rives du lac Fagaouine (asséché depuis 50 ans au moins), la pureté de l’argent touareg sorti tout droit des mines dont il ne connaît plus le lieux exact et conclue par un prix d’ami puisqu’on est ami : 15000 FCFA. Et à ce prix là il ne gagne rien. Claudine donne alors son dernier prix : 2000 FCFA.
Est-on d’accord ? Non. Se sépare-t-on bons amis ? Non plus. Le vendeur propose son 4ème prix : 14000 puis son 5ème : 12000, puis son 6ème : 6000, son 7ème et dernier : 5500. Claudine refuse et tient bon car elle le sait, le bracelet vaut 2000 FCFA car on en a déjà acheté deux autres similaires à ce prix là la veille. Nous faisons mine de remercier le vendeur et partir bons amis et enfin le vendeur nous serre la main « OK pour 2500 ». Bon ben là, même Claudine la redoutable accepte et le super vendeur a réussi à vendre son bracelet 25 % plus cher que le prix normal !

3 responses so far

3 commentaires à “Sahara – Caravanes de Sel – Azalaï : Le marchandage touareg”

  1. Clemle 19 mai 2010 à 5:14

    El là ! Qui porte la culotte ?!!! Bien joué Clau !

  2. Mumle 03 juin 2010 à 8:29

    Je dirais plutôt :qui sais marchander?

  3. Erikale 14 juin 2010 à 3:52

    Pareil : bien joué ma Clau !
    3,8 euros c’est correct quand même !!!
    De toute façon 25 % + cher que le prix « normal » … ce n’est pas la fin du monde pour nous il me semble, mais pour les touaregs c’est beaucoup

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