On ne s’attardera pas sur l’hygiène, elle est fonction du standing du lieu et on sait que ce sera bien pire dans de nombreux pays, néanmoins, il est clair que les Turques sont plus intéressés par la propreté de leurs voitures que par celle de leurs sanitaires. C’est surtout les fuites d’eau qui nous ont étonnés. Même dans les hôtels les plus propres que l’on a rencontrés, et dans 100% des toilettes publiques, il y a des fuites d’eau. Le lavabo, la douche ou plus surement encore la chasse d’eau, tous ferment mal et laissent échapper quelques gouttes ou carrément un filet d’eau qui rend le lieu forcément humide et propice aux moisissures…
Claudine l’a testée plus tôt à Istanbul (voir notre carnet de voyage n°2), de mon côté je me suis dit que ça serait pour plus tard. On est à Urgup en Cappadocce et c’est maintenant plus tard. La journée a été pénible. On a fait 4 heures de vélo et on a parcouru 15 km. Le vent de face nous a obligé à pédaler de toutes nos forces, même en descente. On est arrivé crevé et saoulé par ce vent qui nous a glacé jusqu’aux os. A côté de l’auberge que l’on a dénichée à bon prix, il y a un hammam immense fait de plusieurs coupoles. Il n’est ouvert qu’aux hommes et je décide d’y aller. Pendant une heure je me prélasse sous la coupole centrale, seul dans un décor superbe. Toutes les petites salles annexes sont vides et je profite du sauna entre deux séjours sur la dalle chauffante. Au moment où je m’apprête à prendre la douche froide avant de partir, un masseur vient me proposer ses services. J’accepte et pendant 30 minutes il me masse de la tête aux pieds. Le massage est violent mais mes muscles éprouvés par les journées de vélo apprécient. Mes vertèbres par contre, se souviennent encore des craquements qu’il a déclenchés…
Pour l’équivalent de 9 €, j’ai passé 90 minutes idéales après une journée de sport dans le froid.
C’est détendu que je retrouve Claudine qui pendant ce temps a eu droit à une douche froide dans une salle de bain crade. Désolé.
Un jour de grande averse en Cappadoce, nous nous arrêtons pour dépanner un jeune dont la voiture s’est embourbée dans un vignoble. Après des accélérations brutales du chauffeur et un peu plus d’organisation de notre part et couverts de boue, la voiture sort enfin. Le jeune nous avoue alors que c’est en cherchant à nous fuir qu’il s’est enlisé… Avec nos gilets jaunes, il nous avait pris pour la Police !
Seuls dans le froid sur des routes désertes, nous circulons au milieu des cheminées de fée. Ce relief si particulier est le résultat des coulées de lave des volcans voisins et de l’érosion. La couche supérieure en basalte étant moins friable que la couche inférieure, l’eau a sculpté au fil du temps ce paysage superbe. Pour la nuit nous avons décidé de planter notre tente au pied des cheminées. Et c’est dans un décor exceptionnel que nous passerons la nuit sous la pluie d’abord puis sous la neige ensuite.
Notre campement sera même immortalisé contre leur grès par une famille d’allemands qui s’étaient éloignés de quelques centaines de mètres de leur voiture pour faire des clichés différents de ceux des autres touristes. On imagine leur déception d’avoir pour arrière plan, les deux mabouls français en train de démonter leur tente sous la neige.
On a décidé d’acheter du thé en vrac. Du coup je suis à la recherche d’une boule à thé. J’ai fait déjà plusieurs quincailleries mais personne n’a ce précieux objet. Ici on ne s’en sert pas puisque le thé infuse directement dans la théière et c’est elle qui est équipée d’un filtre au niveau du bec verseur. Enfin, j’ai l’impression de trouver un objet qui y ressemble. C’est tout petit donc je me dis que ça ne doit pas être bien cher et j’ai envie de tenter même si ce n’est pas exactement ce qu’il nous faut. Dans cette boutique au fin fond de la Turquie, personne ne parle anglais, alors la jeune à qui je demande le prix me fait signe avec ces doigts que ça coûte 5 YTL ce qui fait un peu plus de 2 €. Ca me paraît un peu cher et je me dis que c’est le prix spécial touristes qu’elle me fait. Alors je lui propose 4 YTL. Elle me regarde un peu surprise, un peu gênée et me dit que non, non, le prix c’est 5. Bon, j’abandonne, je sors 1, puis 2 puis 3 pièces de 1YTL et là, elle comprend et m’arrête. Ce n’est pas 5 mais 0,50 YTL le prix. Oui, c’est sûr qu’elle a dû avoir un peu de la peine pour moi quand j’ai voulu négocier un rabais de 0,05 €…
Le trajet en train entre Istanbul et Kayseri a duré 20h. Difficile de dormir avec un chauffage à plein régime sous les fesses… Le siège était brulant et nous suffoquions tous dans ce compartiment.
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.