Alors que nous sommes à bord de la pinasse depuis deux jours, le pont supérieur s’agite brusquement et les passagers se pressent sur les côtés du bateau pour observer l’eau. Lorsque nous comprenons que l’objet de cette curiosité soudaine est un hippopotame, nous nous précipitons à notre tour vers l’arrière du bateau, trop tard ! Déçus nous reprenons notre place mais je ne peux détacher mes yeux du fleuve. Quelques heures plus tard, enfin, une énorme tête émerge de l’eau : un hippo ! Il replonge presque immédiatement et plus loin une autre tête émerge. Ils nagent ensemble sous l’eau à contre courant et mettent la tête hors de l’eau quelques instants pour reprendre leur respiration à une cinquantaine de mètres de notre embarcation. Nous, bouche bée, n’avons même pas pensé à sortir notre appareil-photo ! Désolés.
Nous avons pris une pinasse collective pour rejoindre Tombouctou. Lors de ces quelques jours de voyage, nous avons eu quelques frayeurs. En effet, le niveau d’eau du fleuve Niger n’est pas toujours suffisant pour permettre aux embarcations les plus chargées de naviguer.
Voici le premier jour à bord.
En fait ce n’est pas vraiment un détail, mais ça nous a marqué. Dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest, on croise dans les rues des villes des petits mendiants. Ils ne demandent pas de cadeaux ou de l’argent, ils demandent à manger. Ils portent autour du coup une boite de conserve pendue au bout d’une ficelle et ils la remplissent avec la nourriture que les gens leur donnent. Ils se déplacent en groupe et partagent ensuite la nourriture qu’ils récoltent.
Bien sûr qu’on sait que les gens meurent de faim ici, mais c’est une chose de le savoir et une autre de manger une assiette de riz ou un sandwich devant trois ou quatre enfants de 5 à 10 ans qui attendent sans un mot qu’on leur donne nos restes.
Souvent au cours de nos voyages, on nous demande si en France aussi c’est la crise. Parfois on est bien ennuyé pour répondre oui…
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.