mai 13 2011

Sibérie – éleveurs de rennes : La vie dans le campement

Catégorie Brèves, Carnet de route


RUSSIE – Campement Evenk

La nuit, le feu s’éteint. Dans un tchoum il faut mettre plusieurs buches dans le poêle toutes les 30 minutes, alors la nuit il n’y a pas de feu. Le matin il fait froid. Il y a eu des nuits à -30°C. Même emmitouflés dans nos duvets avec d’autres couvertures par-dessus, l’air que l’on respire brûle. Le bout du nez qui est à l’air libre semble mordu par le froid alors on l’enfouit lui aussi sous une couverture. Le premier qui se réveille ou qui a le courage de quitter le cocon chaud du duvet, allume le poêle à l’aide des copeaux de bois et des écorces sèches de bouleau que l’on a préparé la veille. La température se réchauffe et tout le monde profite d’une heure supplémentaire de repos dans la chaleur en écoutant l’eau gelée dans la théière fondre puis crépiter lorsqu’elle boue. Tout le monde se lève alors (nous sommes 5 par tchoums) et nous prenons un petit déjeuner composé du repas de la veille réchauffé et de pain et beurre.
La journée est ensuite rythmée par les tâches à accomplir. Il y a une femme par tchoum qui est en charge de l’intérieur, de l’intendance, des réparations, de la couture et surtout de la nourriture et du thé. On mange plusieurs fois par jours, toutes les 2 à 3 heures, des pâtes, du riz et de la viande de renne à tous les repas. A l’extérieur, les hommes s’occupent de couper du bois, réparer les traineaux, rassembler les rennes. Ils partent parfois dans le froid « faire une course » sur leur traineau. Par course, il ne faut pas entendre acheter quelque chose car le village est à 30 km, mais aller rencontrer quelqu’un à un campement voisin, livrer des peaux ou chercher des vêtements ou du matériel laissés en dépôt dans un précédent campement. Quand il fait -30°C, les hommes restent le moins longtemps possible à l’extérieur. Entre deux coups de hache ils viennent se réchauffer près du poêle et fumer une cigarette avant de repartir dans le froid. Même bien équipés, c’est difficile de rester statique dehors pendant une longue période.
Le soir, tout le monde se retrouve pour écouter les nouvelles sur le mini poste de radio qui reçoit en crépitant « Radio Russie » et pour discuter à la C.B. avec les voisins ou avec les membres de la brigade restés au village. Après le repas puis une partie de cartes ou de mots croisés, tout le monde déplie les peaux de rennes que l’on pose sur les branches de sapin qui jonchent le sol pour nous isoler du froid et nous nous emmitouflons dans nos duvets pour la nuit.

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