« Que la paix soit sur vous ». C’est par ces mots que débute le rituel des salutations. Ce sont sans doute les mots qui sont les plus prononcés par tous les Sahraouis au cours d’une journée. A chaque rencontre, même avec des inconnus, le rituel est le même. On se salue et on se salue encore, demandant si tout va bien, si tout va vraiment bien, remerciant en disant que tout va bien, que tout ira bien si Dieu le veut. Les échanges durent jusqu’à 30 secondes, comme une litanie répétée à toute vitesse par l’un puis l’autre des interlocuteurs.
Les gamins. Dans les villages, lorsqu’ils sont en groupe, ça dégénère souvent, et ça dans tous les pays que nous avons traversés. Il vaut mieux filer ou s’arrêter près d’un groupe d’adultes. Ils viennent autour de moi et la conversation s’engage : « Donne-moi dirham ». « Non ». « Donne-moi stylo ». « Non ». « Donne-moi… », il réfléchit cherchant le mot en français, « … bicyclette ». Y a rien à répondre, il vaut mieux continuer à pédaler. Dans cette montée, impossible de les distancer. En marchant ils vont plus vite que moi ! Des adultes, il n’y en a pas alors il faut essayer d’avoir des yeux derrière la tête. Les gosses touchent à tout ce qu’ils peuvent. Malgré mes protestations qui ne déclenchent que des ricanements et des quolibets en arabe, le grand jeu est de se jeter à plat ventre sur ma remorque. A chaque fois, je suis déséquilibré et je dois m’arrêter. Les gamins décampent immédiatement et se postent hilares, quelques mètres plus loin. Inutile de parler couramment arabe pour savoir qu’ils me jettent des noms d’oiseau à la figure. Le manège dure ainsi quelques centaines de mètres avant que je ne croise un groupe de femmes assises sur le bord de la route. Elles font dégager les gamins qui partent m’attendre un peu plus loin.
Arrivé à la hauteur du terre-plein derrière lequel ils ont disparu, je me doute de ce qui va m’arriver. Une première pierre déboule de ma droite, suivie par une autre beaucoup plus grosse. Les pierres sont jetées au ras du sol, je me rassure en me disant qu’ils ne veulent pas vraiment me toucher… Dire que deux kilomètres avant, lorsque nous nous sommes arrêtés, les enfants venaient regarder nos vélos curieux à grand renfort de sourires et de « Bonjour Msiou ». Il y a même une petite fille qui est venue nous proposer de l’eau.
Voici quelques photos de ce plat traditionnel marocain. Sur le bord des routes, les gargottes en mettent à cuire en permanence, comme on peut le voir sur la dernière photo : c’est idéal pour notre pause rapide du midi !
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A Essaouira, port de pêche de l’Océan Atlantique, il fallait goûter du poisson. Nous ne sommes pas allés au restaurant, mais au marché aux poissons pour faire nos achats. Ensuite, c’est dans la rue que nous avons fait préparer notre poisson grillé.
Aujourd’hui c’est l’Aïd el-Kebir, la fête du mouton. Hassan, que nous avons rencontré lors de notre pause déjeuner nous explique l’importance de cet événement dans la religion musulmane. Chaque famille qui le peut achète et tue un mouton. Une partie de la viande nourrira la famille et ses invités le jour de la fête, et l’autre partie sera donnée aux pauvres. Cela permet que chaque personne, quels que soient ses moyens, mange de la viande au moins une fois dans l’année. Le problème aujourd’hui au Maroc nous dit-il, c’est que ne pas acheter de mouton revient à dire que l’on est pauvre et « les gens parlent ». Alors, il le regrette mais, comme beaucoup d’autres hommes, il s’est endetté pour acheter un mouton à sa famille et il faudra trois ou quatre jours à tous les estomacs du pays pour venir à bout de toute cette viande. Un mouton coûte entre 2000 et 3000 dirhams (environ 200 à 300 euros) ce qui est énorme au regard du salaire mensuel moyen qui est de 2000 dirhams. Quant à nous, on a eu du mal à terminer toute la viande que les gens nous ont donné pendant cette journée !
Nous voilà partis de Marrakech sur les mêmes vélos que ceux qui nous ont accompagnés il y a six mois sur la Route de la Soie.
Cette fois-ci, nous ne pédalons pas sous les températures négatives. Il fait relativement doux et nous n’allons pas connaître un hiver froid puisque nous mettons le cap au sud.
C’est parti pour le début de ce deuxième périple !
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.