Archive de la catégorie 'Carnet de route'

juil 08 2011

Amérique du Sud à vélo : Un danger : Le trafic

Catégorie Carnet de route


ARGENTINE

Grâce à notre carte routière, nous avons essayé de prévoir un itinéraire loin des grandes routes. Mais nous n’avons pu sortir de Buenos Aires sans emprunter la route 8, dangereuse car la circulation est importante, les véhicules roulent vite et il n’y a pas qu’une sur-largeur herbeuse et boueuse, sur laquelle nous ne pouvons rouler qu’occasionnellement lorsque le temps le permet. Nous avons donc eu quelques frayeurs et notre accident de Zambie où nous avions été renversés par une voiture est encore bien présent dans nos mémoires. Donc dès que nous avons pu, nous avons préféré circuler sur des routes tranquilles et des chemins de terre, malgré les distances supplémentaires à parcourir et nous nous sommes équipés de gilets réfléchissants orange. Une vraie sécurité à ne pas négliger ici !

gilet orange;

juil 07 2011

Amérique du Sud à vélo : Buenos Aires

Catégorie Carnet de route


ARGENTINE – Buenos Aires

Nous sommes restés 5 jours dans cette capitale, le temps d’assembler nos vélos qui nous ont suivis dans l’avion, d’acheter un peu de matériel qui nous manquait comme une carte routière plus précise du nord du pays, et de goûter à l’atmosphère argentine. Nous avons découvert la cuisine locale, notamment les petits-déjeuners à base de café au lait et croissants sucrés et les délicieux « Bife de chorizo », énorme tranche de faux-filet cuite à point. Et puis, la veille de notre départ, nous avons assisté à un spectacle de tango, un incontournable dans cette capitale. Nous décrirons d’ailleurs cette soirée dans le prochain journal.

Puis nous avons eu hâte de quitter cette ville bruyante aux rues étroites et aux immeubles très hauts. Après une journée de vélo, nous étions enfin plus au calme dans la campagne.

mai 13 2011

Sibérie – éleveurs de rennes : La vie dans le campement

Catégorie Brèves, Carnet de route


RUSSIE – Campement Evenk

La nuit, le feu s’éteint. Dans un tchoum il faut mettre plusieurs buches dans le poêle toutes les 30 minutes, alors la nuit il n’y a pas de feu. Le matin il fait froid. Il y a eu des nuits à -30°C. Même emmitouflés dans nos duvets avec d’autres couvertures par-dessus, l’air que l’on respire brûle. Le bout du nez qui est à l’air libre semble mordu par le froid alors on l’enfouit lui aussi sous une couverture. Le premier qui se réveille ou qui a le courage de quitter le cocon chaud du duvet, allume le poêle à l’aide des copeaux de bois et des écorces sèches de bouleau que l’on a préparé la veille. La température se réchauffe et tout le monde profite d’une heure supplémentaire de repos dans la chaleur en écoutant l’eau gelée dans la théière fondre puis crépiter lorsqu’elle boue. Tout le monde se lève alors (nous sommes 5 par tchoums) et nous prenons un petit déjeuner composé du repas de la veille réchauffé et de pain et beurre.
La journée est ensuite rythmée par les tâches à accomplir. Il y a une femme par tchoum qui est en charge de l’intérieur, de l’intendance, des réparations, de la couture et surtout de la nourriture et du thé. On mange plusieurs fois par jours, toutes les 2 à 3 heures, des pâtes, du riz et de la viande de renne à tous les repas. A l’extérieur, les hommes s’occupent de couper du bois, réparer les traineaux, rassembler les rennes. Ils partent parfois dans le froid « faire une course » sur leur traineau. Par course, il ne faut pas entendre acheter quelque chose car le village est à 30 km, mais aller rencontrer quelqu’un à un campement voisin, livrer des peaux ou chercher des vêtements ou du matériel laissés en dépôt dans un précédent campement. Quand il fait -30°C, les hommes restent le moins longtemps possible à l’extérieur. Entre deux coups de hache ils viennent se réchauffer près du poêle et fumer une cigarette avant de repartir dans le froid. Même bien équipés, c’est difficile de rester statique dehors pendant une longue période.
Le soir, tout le monde se retrouve pour écouter les nouvelles sur le mini poste de radio qui reçoit en crépitant « Radio Russie » et pour discuter à la C.B. avec les voisins ou avec les membres de la brigade restés au village. Après le repas puis une partie de cartes ou de mots croisés, tout le monde déplie les peaux de rennes que l’on pose sur les branches de sapin qui jonchent le sol pour nous isoler du froid et nous nous emmitouflons dans nos duvets pour la nuit.

déc 03 2010

Carnet de voyage n°18

Vous allez recevoir le prochain carnet de voyage sur la Tanzanie. C’est le dernier numéro de l’année 2010. Vous pouvez en voir un extrait en cliquant sur les images ci-dessous :


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Carnet de voyage n°18 sur la Tanzanie


nov 02 2010

Tour du monde en vélo : Accueil à midi dans un village

Catégorie Carnet de route


TANZANIE – Entre Mbeya et Singida

Sur le début de notre parcours dans la brousse, nous trouvions tous les 20 km au moins un petit village dans lequel nous nous ravitaillions en eau et où nous mangions. Partout on trouve des plats de riz que l’on mange accompagné de sauce et de haricots rouges, ou des chipsis (des frites) que l’on mange en général en omelette aux pommes de terre.
Un jour nous nous sommes arrêtés dans la boutique de Julius, un grand-père heureux de 35 ans ! Il est stupéfait de voir arriver deux blancs à vélo. Il ne se souvient pas de la dernière fois où il a vu des blancs passés par cette route, mais il se souvient bien qu’il n’a jamais vu de blancs passer à vélo. Et nous venons de Cape Town en plus, il est scié. Nous égrenons les noms des pays que nous avons traversés en pédalant devant ne foule grandissante. A chaque nouveau nom, la foule, Julius en tête, pousse des cris d’exclamation. Tout le monde inspecte nos vélos. Ici les bicyclettes sont des vélos de vélo de ville « Made in China » et la plupart du temps, ils sont dans de drôles d’états car les casses sont fréquentes et les réparations coûtent chers, alors savoir que nos vélos ont parcouru 5000 km et sont toujours en bon état leur paraît incroyable. Quant à nos pneus, aucune crevaison en roulant sur les mêmes pistes qu’ils empruntent chaque jour est inimaginable. Pendant que nous finissons nos assiettes de riz, Julius envoi un homme chercher l’appareil photo du village. L’homme revient avec une machine des années 80 dans un bel étui en cuir et nous posons tous ensemble autour de nos vélos.
Avant de partir Julius nous offre les boissons que nous avons consommées et nous sert chaleureusement la main. A la sortie du village, nous nous retournons en pédalant et nous découvrons une foule d’une centaine de personnes massées au milieu de la piste nous faisant des signes de la main.

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oct 29 2010

Tour du monde en vélo : Traverser la savane

Catégorie Carnet de route


TANZANIE

Pour rejoindre le Kilimandjaro nous avions le choix entre la route asphaltée qui passé par Dodoma la capital ou des pistes au milieu de la brousse. Le problème de la route asphaltée évidemment ce sont les voitures. Le problème de la piste que nous avons repérée ce sont les animaux sauvages. Sur 300 des 800 km prévus, nous devions longer des parcs naturels et des réserves de chasse. Nous avons pesé le pour et le contre et finalement nous avons opté pour la piste. Pendant trois semaines, nous avons fait des rencontres extraordinaires. Nous avons dormi dans des huttes en terre perdues au milieu de nulle part, nous avons pédalé au milieu des tribus Massaï, Barbaïg, Iraqw et Sukuma, nous avons été dévorés par les mouches Tsé-tsé, nous avons vu un nombre incroyable d’enfants de tous âges s’enfuirent terrorisés en nous voyant et malheureusement, nous avons fait quelques mauvaises rencontres que nous racontons en détail dans notre carnet de voyage sur la Tanzanie. Quant aux lions, malgré un épisode effrayant au milieu de la nuit, nous n’en avons pas croisés. En cette saison chaude, les points d’eau sont rares et les animaux se regroupent autour des quelques marres encore inondées pour boire. Les prédateurs carnivores n’ont donc pas de mal à trouver du gibier et ils ne s’approchent pas des hommes et de leur bétail.
Chaque soir nous devions absolument rejoindre un village pour dormir en sécurité et un soir nous avons été hébergés dans un camp de Rangers de la réserve gouvernementale de Rungwa. Nous avons dormi chez Damascas, l’un des Rangers les plus expérimentés et nous avons passé une soirée passionnante à écouter des histoires de chasse abracadabrantes, à apprendre comment reconnaitre les traces et comment se comporter en face de tel ou tel animal. Le plus clair de son temps, Damascas le passe à patrouiller pour empêcher le braconnage. Armé d’une « mitraillette » il arpente les kilomètres de savane de la réserve en compagnie d’autres Rangers et s’ils trouvent des braconniers, ils tirent à vue. Les Rangers protègent ainsi les biens du gouvernement car les animaux sont l’objet de la convoitise des riches chasseurs étrangers. Les milliardaires viennent en effet ici chaque année pour tuer un buffle, un éléphant ou un lion. Tous les animaux, exceptées les girafes, peuvent être chassés, il suffit de payer le prix. 15000 $ pour un lion ou un léopard, 10000 $ pour un éléphant et 800 $ seulement pour un buffle. A ces tarifs payés au gouvernement s’ajoutent le prix à payer à l’organisateur de la chasse (des agences étrangères dont une française qui se partagent les licences de chasse sur la zone) et toute la logistique. Certains milliardaires laissent ainsi des ardoises de plusieurs centaines de milliers de dollars.
La chasse est cependant contrôlée, et c’est là le travail des Rangers. Chaque année le gouvernement accorde aux agences le droit de « vendre la peau » d’un nombre défini de lions, d’éléphants, etc… Et tous les animaux ne peuvent pas être abattus. Seuls les mâles doivent être chassés. Et dans le cas des lions en particulier seuls les mâles solitaires. Ceux qui sont à la tête d’une meute avec plusieurs femelles et des lionceaux ne peuvent pas être tués.
Quand un touriste vient tuer un animal, il achète en quelque sorte l’animal et il en fait ce qu’il en veut. Certains ramènent les peaux, les têtes ou les cornes pour les trophées et bien-sûr les défenses en ivoire. L’américain Al Gore est ainsi venu chasser l’an dernier un énorme phacochère dont il a choisit de ramener les défenses.

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oct 22 2010

Tour du monde en vélo : Semaine de rêve

Catégorie Carnet de route


MALAWI – Cape Maclear

Nous avons rencontré Josiane, la propriétaire française de l’hôtel Cape Mac Lodge situé à Cape Mac Lear dans la partie sud du lac. Nous voulions nous reposer quelques jours et elle nous a invité à passer une semaine de rêve de son hôtel somptueux. Entre piscine et jacuzzi, repas gastronomique et sieste dans le jardin nous avons fait une pause au paradis. L’équipe des 23 employés a été aux petits soins avec nous, le chef Kondwani nous a concocté des plats délicieux et nous avons passé de longues soirées à discuter et à jouer aux fléchettes avec Josiane, sa fille Nathalie et sa petite fille Mélanie.
Plus qu’un hôtel, nous avons découvert une école, un centre de formation, où tous les employés sont des gens du village, des jeunes à qui Josiane et Kondwani ont pris le temps d’apprendre leur métier. Du service au jardin en passant par la cuisine, chaque employé a appris son métier en fonction de ses envies et de ses capacités. Ici les salariés sont payés 3 ou 4 fois plus que le salaire moyen. Ici on donne leur chance à des jeunes qui ne parlent pas anglais, ne savent ni lire ni écrire. Ici on accepte de gagner moins d’argent pour améliorer les conditions de vie des employés. Et si c’était ça les vrais « projets humanitaires » dont le pays a besoin ?
Merci Josiane pour cet accueil incroyable et pour cette gentillesse qui aura été pour nous une bouffée d’oxygène dans un moment difficile de notre voyage.

www.capemaclodge.com

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oct 20 2010

Tour du monde en vélo : L’aide de l’Union Européenne

Catégorie Carnet de route


MALAWI

Je continue les articles à charge, pardonnez-moi. Ici, comme au Sénégal d’ailleurs, pas un village, pas un hameau sans un panneau à la gloire du ou des « projets humanitaires » financés par l’Union Européenne, le gouvernement Britannique, les Américains ou même des particuliers bienfaiteurs de l’humanité. Tantôt le développement d’une petite association pour le travail des femmes du village, tantôt la construction d’un orphelinat, tantôt un projet de mutualisation des semences ou des récoltes. Sûrement de bonnes idées. Sûrement de bonnes intentions. Malheureusement, sur nos vélos on voit les locaux déserts, le bâtiment de l’orphelinat reconverti en moulin à grain (les enfants sont dans un autre village, plus loin nous dit-on). Quand au travail des femmes, voilà une idée bien européenne qui nous plait à tous. Nous avons dormi dans une Resthouse, une sorte de mini hôtel sommaire pour les autochtones où les pris sont très bas. Un beau projet, financé par un particulier anglais. A l’entrée de cette Resthouse dénommée « la maison des femmes », une plaque à la gloire du généreux donateur « Un homme qui a passé sa vie à aider les autres ». A l’intérieur, une salle de conférence, une petite salle avec quelques vieux ordinateurs, une petite boutique et des chambres. A l’accueil : un homme, à la boutique : un homme, le gardien : un homme. Mais où sont les femmes du village ? Le responsable de la structure nous répond « elles viennent deux fois par semaine pour suivre des cours d’informatiques. » On n’a pas insisté, pas demandé combien elles étaient ni à quoi leur serviraient ces cours d’informatiques. Nul doute que ce projet correspondait à un besoin réel du village. Après tout, le Malawi est un pays pauvre, les gens ont besoin d’être aidés. Certainement. Peut-être. En tout cas pas comme ça, pas n’importe comment, sans suivi, sans comptes à rendre. Sinon le message que l’on fait passer c’est continuez à tendre la main, à inventer des microprojets aux noms porteurs (collectif pour les femmes du village, écologie, développement durable sont des mots qui font mouche en Europe et que l’on retrouvait fréquemment sur les panneaux des projets au Sénégal) et l’argent arrivera tout seul sans réelle contrepartie.
Quand à nous les touristes, je persiste à penser qu’il est inutile de venir les bras chargés de stylo ou de tee-shirts. Ca ne va jamais aux bonnes personnes. On laisse le tee-shirt à notre guide, au gérant de notre hôtel, on donne voir on jette par la fenêtre de notre 4×4 un stylo à des bouts de choux de 2 ans sur le bord des routes. Mais que va-t-il faire avec le stylo ce gamin ? Sur quoi va-t-il écrire ? En quoi sa vie va être améliorée ? Quand aux guides, aux hôteliers, ils travaillent bon sang, ils gagnent leur vie, pourquoi diable continuer à penser que l’Afrique a besoin qu’on lui donne des trucs dont elle n’a pas besoin, des trucs d’ailleurs qui vont être revendus aussi vite que possible à ceux qui en auront vraiment besoin. Croit-on vraiment que l’on a été utile en distribuant nos surplus lors de nos voyages ? Croit-on vraiment que ce saupoudrage a un sens, qu’il aide vraiment quelqu’un ? N’est-ce pas simplement une façon de se donner une bonne conscience face à cette misère qui nous dérange lorsqu’elle est trop près de nous ?
Vous me direz que doit-on faire alors ? J’aurai envie de dire : les laisser tranquille ces gens, arrêter de faire du profit sur leur dos, arrêter de payer un safari 400 euros lorsque 5 euros reviennent au chauffeur et 200 euros à l’hôtel appartenant à une entreprise sud-africaine ou européenne, arrêter d’avaler les couleuvres que les intermédiaires, les grandes surfaces veulent nous faire avaler. Mais tout ça ce sont des utopies, des réflexions un peu puériles, des idées un brin naïves alors je ne sais pas. Je n’ai pas la réponse. Mais je peux vous dire en tout cas, pas ça, pas comme ça, pas comme au Malawi, pas comme au Sénégal, ça ne rend service à personne.

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oct 18 2010

Tour du monde en vélo : Les enfants au bord des routes

Catégorie Carnet de route


MALAWI

Aïe, aïe, aïe. On nous avait promis un pays chaleureux, des gens accueillants, un lac magnifique. Nous avons adoré la Zambie, nous aurions pu y rester et suivre une route directe pour la Tanzanie mais nous avons voulu découvrir le Malawi et nous avons fait un crochet sur notre trajet. « Welcome to the warm heart of Africa » telle est la devise du pays, prometteur. A la minute où nous avons passé la frontière, nous avons déchanté. « Give me money, give me pen, give me bottle ». Comme un voyage dans le temps qui nous ramène en quelques secondes au Sénégal, l’autre pays infernal que nous avons traversé. 50 fois, 100 fois par jour, des hordes de gamins, exhortés par leurs parents, se ruent vers nous en hurlant « Le blanc donne moi l’argent ». A vélo c’est un calvaire. Difficile de décrire à quel point c’est systématique. Chaque village, chaque hameau que nous traversons nous réserve le même accueil. Toutes les conversations que nous avons avec les adultes malawites se terminent par un échange de coordonnées pour que dès notre retour nous puissions envoyer de l’argent et assister notre nouvel « ami ». On est navré, consterné de rencontrer des gens qui nous prennent pour des tiroirs caisses ambulants. Quel plaisir dans l’ascension d’un col, dégoulinant de sueur, à bout de souffle, d’être entouré de gamins qui hurlent dans vos oreilles « le blanc, le blanc, le blanc, donne l’argent, donne stylo, donne bouteille ». On adore particulièrement ceux qui nous ordonnent « donne moi MON argent ».
Oui le pays est pauvre, avec 30 euros de salaire moyen il n’y a pas de doute la dessus et pourtant, le Malawi jouit de conditions extrêmement favorables en comparaison à d’autres pays d’Afrique. Un lac poissonneux, une terre fertile où tout pousse, pas d’animaux sauvages, des maisons en briques avec fenêtres et toits de tôles ou de chaume bref, on est loin des pays à l’économie ravagée comme le Zimbabwe, loin des pays décimés parla sécheresse comme le Niger, plus loin encore des pays où les gigantesques famines tuent les hommes par milliers comme en Somalie ou en Ethiopie. Ici on tend la main, c’est dans l’éducation. Lorsque nous discutons de ce problème avec certains adultes, les réponses sont toujours les mêmes, dans un rire on nous dit « We are poor, we need to be assisted ». Mais qui a dit que la pauvreté était une fatalité ? Pourquoi penser que la solution doit venir de l’aide internationale. En discutant avec l’un de nos hôtes, il nous expliquait sa vision de la société malawite : 3 catégories, ceux qui dirigent, ceux qui font des études et partent vivre à l’étranger et ceux qui restent. Les premiers se servent sur le dos des derniers. Les deuxièmes préfèrent s’enrichir loin de chez eux. Il y a plus de médecins malawites en Grande Bretagne qu’au Malawi. Quand aux derniers, ils se sentent laissés pour compte et pensent n’avoir d’autre choix que l’argent vienne de l’étranger, qu’on vienne les aider alors ils attendent. Ceux qui ont bien compris où étaient leurs intérêts ce sont les dirigeants. Le précédent président Bakili Muluzi qui a dirigé le pays de 1994 à 2004, après avoir été au cœur de nombreux scandales liés à l’utilisation des fonds d’aide humanitaire est actuellement jugé pour avoir détourné 12 millions de dollars directement vers ses comptes personnels. Quant-à l’actuel, Bingu wa Mutharika, il juge primordial de changer le drapeau de son pays et engage ainsi des dépenses considérables. Et pendant ce temps, Madonna organise un concert au Malawi pour aider les petits orphelins du pays…

oct 13 2010

Tour du monde en vélo : Retirer de l’argent

Catégorie Carnet de route


MALAWI

Ouah la galère ! En général, ce n’est jamais simple, mais au Malawi, c’est un record. Pour minimiser les commissions bancaires, nous essayons de retirer une grosse somme d’argent en une seule fois car pour un retrait en carte bleue nous devons payer un forfait fixe plus une part variable (un pourcentage de la somme retirée). Cela nous revendrait donc rapidement beaucoup plus cher de retirer 3 fois 300 euros plutôt qu’une fois 900 euros par exemple.
Dans beaucoup de pays, y compris le Malawi, il existe des distributeurs automatiques de billet appelés « ATM ». Ils fonctionnent parfaitement mais les plafonds de retrait sont trop bas (au Malawi 100 euros maximum par retrait) alors nous essayons d’aller à l’intérieur des banques et de négocier avec le responsable de la banque d’utiliser le terminal qu’il possède pour retirer en une seule fois nos 900 euros. Il faut négocier car les commissions bancaires vont à la banque qui nous délivre de l’argent donc ce n’est jamais dans son intérêt de nous faciliter la tâche…
A Lilongwe, capitale du Malawi, je me rends à la Banque Nationale de bonne heure. Il est 9 h quand j’entre et découvre une interminable file d’attente qui s’étire devant moi. Personne à l’accueil pour me renseigner, naïvement je m’insère dans la file plutôt que d’aller forcer le passage et interpeller brièvement un guichetier pour qu’il me confirme la faisabilité de mon affaire. Une heure d’attente. La pièce est surchauffée, les gens sont à touche-touche dans la file. Quand arrive enfin mon tour je n’en peux plus. La guichetière à qui j’expose mon problème me coupe et me dit froidement « Notre terminal est cassé, allez à la banque centrale. Suivant. ». Je sors de la file d’attente en marmonnant quelque chose comme co…asse.
La banque centrale est trop loin, je décide donc de tenter ma chance auprès des deux autres banques à proximité. L’une n’accepte pas les cartes bleues VISA et l’autre me renvoie vers sa machine ATM. J’argumente : le plafond de l’ATM est de 100 euros, je voudrais retirer 1000 euros. Réponse : vous devez faire 10 retraits de 100 euros. Je persiste : Mais dans ce cas j’aurai 9 fois plus de commission. Il réfléchit, appelle son patron et crie très fort dans la banque que le blanc, le Musungu, veut retirer 1000 euros. Tous les regards des clients se tournent vers moi. Avec un salaire moyen de 30 euros par mois, 1000 euros ce n’est jamais que 3 ans de salaire… Le directeur intervient et me dit « Aucun problème, vous allez à l’ATM et vous faites 10 retraits de 100 euros ». OK laisse tomber, je file à la banque centrale. Il est 12 h 30, plus de 3 heures de perdues. Je me rends donc à la banque centrale à une demi-heure de vélo où Claudine me retrouve. Elle garde nos vélos pendant que je pénètre dans la banque. Je veux régler ça rapidement avant que nous allions manger un morceau.
A peine entré à l’intérieur je comprends que ça va être un cauchemar. La banque est gigantesque et grouille de clients qui font la queue à différents guichets. Il y a peut-être 200 ou 300 personnes. Je m’accroche et trouve l’accueil. Après m’être fait devancer quelques fois, je parviens à exposer mon problème au type du comptoir qui écoute attentivement mon problème et me répond « Allez à l’ATM ». Je recommence, faisant fis des protestations des gens derrière moi, jouant des coudes pour empêcher les plus hardis de glisser par-dessus mon épaule ou sous mon bras je ne sais quel papier à faire tamponner par le type de l’accueil. Je me cramponne au comptoir et finit par obtenir gain de cause : il m’indique un guichet spécial pour les opérations particulières. Je m’y rends. Incroyable, il n’y a que 4 personnes devant moi. Plein d’espoir je me lance dans la queue non sans me faire confirmer deux ou trois fois par des employés passant près de moi que je suis dans la bonne file.
Alors qu’il ne reste qu’une personne devant moi, une grosse Mama se range devant moi en me faisant signe qu’elle était sortie de la file pour passer un coup de téléphone. « Allez-y je vous en prie… ». Quelques instants après c’est son tour. Je suis confiant il est presque 14 heures, nous allons bientôt pouvoir aller manger. La grosse Mama fait faire une ou deux opérations sur son compte et d’un coup, d’un coup bas, sort un sac en papier plein à raz bord de liasses de billets qu’elle vient déposer. J’hallucine, au dessus de guichet est écrit en gros « Guichet réservé aux transactions bancaires, pas de dépôts d’espèces de plus de 50000 Kwachas pour faciliter la rapidité du service ». C’est au moins 5 millions qu’elle s’apprête à déposer sans gène en profitant de ses deux transactions bancaires précédentes pour utiliser ce guichet plutôt que les guichets dédiés aux dépôts d’espèces devant lesquelles s’étirent des files d’attente interminables. La guichetière ne proteste pas, je bous intérieurement. Je vois la guichetière recompter à la main les liasses de billets : 45 minutes. Je marmonne quelque chose comme co…asse.
Quand la grosse Mama lâche enfin le comptoir et passe devant moi avec un petit sourire satisfait sur le visage, je me précipite en croisant les doigts. LA guichetière m’écoute, comprend mon problème, sort son terminal et prend enfin ma carte. Elle l’insère dans la machine, entre le montant désiré et me la tend pour que je tape mon code. Je valide, le ticket sort doucement de la machine, elle le coupe et me le montre : Failed. Quoi ? On réessaye, même verdict. La guichetière ennuyée pour moi m’explique que parfois les connections avec je ne sais quel serveur central de VISA ne marchent pas. Avant d’abandonner la partie je joue ma dernière carte : les travellers chèques. « Est-ce que vous les acceptez ? »  «  Aucun problème » me répond-elle. Ouf ! Malheureusement c’est Claudine qui cuit au soleil depuis plus d’une heure qui les a. Pas de problème, je peux aller les chercher et la guichetière me fera passer devant tout le monde. Je fonce, récupère les chèques et retourne à la banque. Le vigil m’arrête : « La banque est fermée Monsieur, il est 15 heures plus personne ne rentre». « Mais j’étais là il y a une minute, la guichetière m’attend ». « La banque est fermée Monsieur ». Je marmonne quelque chose comme co…ard et m’en vais vers l’ATM. Belle journée.

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